J’ai réalisé un stage de deux semaines (3h par jour) dans le service de réanimation néonatale (Professeur Boileau) de l’hôpital Antoine Béclère à Clamart dans le cadre de ma formation de musicien intervenant en milieu de la santé (CFMI de Sélestat ; voir http://les-musiciens-de-l-accueil.org/). Et j’ai écrit mon mémoire sur ce sujet. Le musicien intervenant n’est pas thérapeute mais j’ai pu réaliser combien la musique peut apporter au quotidien d’un service de réanimation néonatale. Je voudrais maintenant approfondir la question en regardant plus en détail les effets thérapeutiques.
La principale conclusion qui est apparue lors de mes observations est qu’il est souvent difficile, autant pour les soignants que pour les parents « d’investir » le bébé prématuré. Ceci pour des raisons différentes : le parent met en place un deuil anticipé, la mère peut culpabiliser et n’est pas prête puisque prématurément mère, le soignant essaye de penser le moins possible à ce qu'il fait subir au nourrisson. Ceci n’est pas une généralité mais ce sont des comportements que j’ai souvent observé.
Or pour vivre, le bébé a pourtant besoin d’être contenu (dans la voix, dans le regard, dans la présence, dans le toucher) et d’être aimé. Créer du lien autour du bébé prématuré donne donc du sens au fait qu’il soit vivant et lui donne peut être la force, l’envie et le goût de vivre. Les parents, et surtout les soignants ont cette fonction auprès du bébé, et la musique, elle aussi, peut aider à contenir.
La musicothérapie est l’utilisation judicieuse de la musique, ayant pour objectif de restaurer, de maintenir ou d’améliorer le bien-être physique, émotionnel, social, cognitif et psychologique d’un individu.
La musique possède, dans le cadre thérapeutique, des qualités non-verbales, créatives, structurales et émotionnelles qui facilitent le contact, l’interaction, la conscience de soi, l’apprentissage, l’expression, le développement personnel et la communication.
Le musicothérapeute peut donc aider les adultes à supposer du sujet chez le bébé, les aider à communiquer en développant des échanges « normaux » hors du temps et de l’espace du soin et de la maladie :
Permettre aux parents d’avoir un rôle actif auprès de leur bébé ;
Le chant rapproche de l’enfance « normale » ;
La musique, quand elle est bien utilisée, à pour effet de diminuer le stress chez le bébé prématuré, d’apporter un calme, une détente et de stimuler la production d’endorphine. En effet, j’ai pu constater pratiquement à chaque fois une diminution de la fréquence cardiaque et une augmentation du taux de saturation en oxygène dans le sang ;
Créer une relation affranchie des conditions particulières qui font pourtant le quotidien du service ;
« Là où s’arrête le pouvoir des mots commence celui de la musique » ;
La musique est un langage universel, un voyage dans le temps, un moyen simple de se ressourcer, de lâcher prise, de communiquer ;
Elle permet également un accès à l’émotion et à des souvenirs agréables ou désagréables ;
C’est par définition un cadre structurant.
Projet :
En regard de ce qui précède, l’objectif principal d’une séance de musicothérapie est pour moi de créer ou de restaurer le lien parents-enfant.
D’autres pistes peuvent aussi être considérées (travail avec les soignants, expression de leurs sentiments…).
Il existe deux axes en musicothérapie : le travail actif (participation par le biais de l’instrument) et l’écoute d’œuvres choisies en fonction du patient.
J'utilise des outils et des techniques différentes selon les patients :
La relaxation du bébé en présence ou non des parents ;
La relaxation en peau à peau ;
Permettre au parent ou au soignant de communiquer en musique avec le bébé ;
Instaurer des séances d’écoutes pour permettre au patient de verbaliser ses angoisses et ses ressentis ;
La créativité musicale pour se « re-créer » face aux pertes liées à l’accouchement prématuré ;
Le bien être du bébé quand les parents ne sont pas là (détente, aide à l’endormissement, enveloppe sonore…) ;
Aide au soin dans un travail réalisé avec les soignants.
Tout ceci en relation avec le travail de l’équipe et le ou les psychologues du service.
